paysage animal

Il n’y a pas de nature vierge. Il n’y a que des territoires où les vivants sont profondément inscrits et qu’ils ont composé jour après jour, les transformant par leur simple présence, par leur respiration, par leur capacité à inventer des usages inouïs – grignotant les sols, tissant les courants d’air, flirtant avec l’eau et le soleil dans d’invraisemblables alchimies. Chaque paysage cristallise ce foisonnement de relations, d’initiatives, de tactiques et de trucages, ce tohu-bohu de trajectoires enchevêtrées, indifférentes aux intérêts et aux projets humains, mais où l’humain lentement s’est imposé.

C’est sous l’angle de cette construction imbriquée du paysage par les humains et les animaux que nous aborderons la saison 03 de paysage>paysages du 20 mars au 20 juin 2019. Voici quelques-uns des temps forts du programme :

Entre chien et loup > Antoine le Menestrel > “Cathédrale” de Voiron > 23 mars 2019 à 19h
En ouverture de paysage-paysages

S’appuyant sur un monument essentiel de la ville, l’église Saint Bruno située au cœur de la cité, Antoine le Menestrel entreprend à mains nues et durant 40 minutes l’ascension verticale de la façade jusqu’à tutoyer le ciel à 67 mètres du sol, comme si la pesanteur ne le concernait pas. Le dialogue est fragile, délicat, magnétique entre cette démesure de l’édifice et ce corps, l’arrogance de ce petit animal humain, de cet oiseau fait homme, lézardant jusqu’à la rosace centrale, papillonnant autour de l’horloge, avant de se couler la tête à l’envers entre les ogives et les corniches. Virtuose des verticalités, Antoine le Menestrel effleure la pierre, la caresse d’un doigt avant de la prendre à bras le corps et de s’élancer à la rencontre des gargouilles, de s’élever sans efforts apparents jusqu’au sommet des clochers.

« Entre chien et loup »
Antoine le Menestrel
Ouverture de paysage-paysages
Eglise Saint Bruno de Voiron
> 23 mars 2019 à 19h

La vigie > Abraham Poincheval > Parc du domaine de Vizille > Dispositif visible àpartir du jeudi 2 mai, puis performance 24h/24 du jeudi 6 au mercredi 12 juin 2019

Durant une semaine, 24 heures sur 24, Abraham Poincheval habite une sculpture. Niché au sommet d’un mât, comme le ferait un singe ou un épervier, il veille et contemple la cité des hommes : « Installé sur une plateforme d’un mètre quatre-vingt-dix de long sur un mètre de large, je séjourne une semaine en totale autonomie. À ce radeau des cimes, je suis attaché par une ligne de vie ainsi que tout le matériel embarqué à bord : un sac waterproof, une trousse de premiers secours, les repas pour une semaine, deux jerricans de neuf litres, un rouge et un blanc, un bidon étanche, des sacs poubelle, un réchaud à gaz, du matériel de cuisine, deux briquets, du papier toilette, des vêtements de rechange, un sac de couchage haute montagne, un sursac de couchage de protection contre la pluie, une cape de pluie, un tapis de couchage, une lampe frontale, un harnais d’escalade, une dizaine de mousquetons, une corde de treize mètres». Par ce geste spectaculaire Abraham Poincheval interroge notre animalité et la frontière si instable entre les espèces. Mais cette installation s’ancre aussi dans un imaginaire très ancien, notamment celui de Syméon le Vieux (392-459), moine de Syrie, surnommé le Stylite pour avoir choisi de vivre sa vie d’ermite en haut d’une colonne (stylos, en grec), où il passa le reste de ses jours sans jamais en redescendre, en l’absence de toute protection du soleil ou des intempéries. Les fidèles lui rendaient visite de son vivant, la nourriture lui étant donnée dans un panier tiré par une corde. Par la suite, un vaste complexe de pèlerinage au nord-ouest d’Alep, appelé Qalaat Siman, fut bâti autour de sa colonne. D’autres saints vécurent comme lui en haut d’une colonne ou au faîte d’un arbre. Ces gestes extrêmes expriment paradoxalement l’élévation de l’âme par la lecture, la prière et l’humilité, et combien l’ascèse relève d’un combat quotidien.

« La vigie »
Abraham Poincheval
Parc du domaine de Vizille
2 > 8 mai 2019

 

Les sentinelles > Victoria Klotz > Parc du Domaine de Vizille > 20 mars > 23 septembre 2019

Implantée en majesté dans la parc du Domaine à mi-chemin entre la nature domestiquée du jardin à la française et le parc animalier, « Les sentinelles » est une installation monumentale composée de dix animaux qui nous surplombent depuis de longs mats fichés au sol. À la fois proches et inaccessibles, ces animaux nous observent bien autant que nous les observons. Les espèces animales choisies : un loup, un chamois, un hibou des neiges, une marmotte, un sanglier, mais aussi un zèbre ou une antilope, ont une présence fascinante et spectaculaire, joyeuse, sensuelle et grave. « Les sentinelles » évoquent ainsi une sorte d’animal élémentaire comme le faisaient les totems des tribus amérindiennes, c’est-à-dire une animalité fondatrice, médiatrice, ambassadrice des lointains du vivant, d’origines immémoriales, mais une animalité dont l’avenir semble aujourd’hui pourtant si incertain qu’elle doit revenir au centre de nos préoccupations et de notre ordre social.

« Les sentinelles » (détail)
Victoria Klotz
Parc du Domaine de Vizille
20 mars > 21 juin 2019

 

Dialogue avec un troupeau > Fédération des alpages de l’Isère > Parc du Domaine de Vizille > 3 mai > 6 mai 2019

Comment approcher un troupeau sans faire peur et sans se mettre en danger ? Comment les animaux voient, sentent, éprouvent le monde ? Comment entrer en contact et communiquer avec les animaux ? Les ateliers de « Dialogue avec un troupeau » offrent une occasion inédite de vivre une expérience inoubliable au plus près des animaux d’alpage. Vous ne regarderez plus jamais un troupeau avec les mêmes yeux.

Dialogue avec un troupeau / Fédération des alpages de l’Isère
Expérimentation ouverte au public les 3, 4, 5 et 6 mai à 10H
(Durée : environ 2H)

 

Mémoire d’eau > Cyrille André > Parc du Domaine de Vizille : 2 mai > 23 septembre 2019

Une baleine blanche nageant dans les airs entre les fûts des arbres du Domaine de Vizille nous invite à larguer nous aussi les amarres et à nous abandonner à la rêverie. Des baleines ont-elles ainsi traversé Vizille à l’époque ou la Téthys, l’océan primitif, recouvrait l’ensemble de l’Europe ? A-t-elle échappé à l’Arche de Noé ou nage-t-elle ainsi après une élévation catastrophique du niveau des océans causée par un réchauffement climatique extrême ?

Mémoire d’eau
Cyrille André
Parc du Domaine de Vizille
Du 2 mai au 23 septembre 2019

 

Bien commun > Victoria Klotz > Parc du Domaine de Vizille : 2 mai > 23 septembre 2019

Si le bien commun est une notion morale qui désigne l’idée d’un patrimoine partagé entre tous les membres d’une communauté, il convient de s’interroger sur la possibilité d’intégrer à cette communauté les animaux. On pourrait considérer que les animaux domestiques sont « partie du peuple » et qu’ils ont une place indiscutable dans l’usage des communs. C’est pourquoi l’artiste installe ici des nichoirs à oiseaux destinés au cannes Colvert qui vivent dans ce site de Vizille, propriété collective, lié à l’histoire de la Révolution française et à cette perspective du bien commun partagé.

Bien commun
> Victoria Klotz
> Parc du Domaine de Vizille : 2 mai > 23 septembre 2019

 

Maibaum > Jordi Galí – Cie Arrangement Provisoire > Parc du Domaine de Vizille >Samedi 4 mai à 14h et dimanche 5 mai à 11h 

Maibaum est un volume monumental, constitué de 8000m de cordage minutieusement tissés minutieusement tissé par cinq interprètes, dont la forme nous apparaît à la fin de la performance, dévoilant à rebours le sens et la nécessité de chaque geste produit. Au cours des deux heures et demi de son élaboration, le spectateur sera libre d’aller et venir à son gré pour assister et faire l’expérience de cet espace en train de se créer. (en coproduction avec le PACIFIQUE – centre de développement chorégraphique national)

Maibaum  Jordi Galí – Cie Arrangement Provisoire
Photo@jeanpellaprat

 

Ça Remue ! > Parc du domaine de Vizille > 2 > 8 mai 2019 > avec le soutien de l’IDEX Université-Grenoble-Alpes > en collaboration avec les laboratoires PACTE, LECA, CRESSON, LARHRA, la Maison des Sciences de l’Homme, la Fédération des Alpages de l’Isère et le PACIFIQUE

: Plus d’information > le programme de Ça remue à Vizille

Chaque paysage est l’héritier d’équilibres précaires, l’indice de dynamiques luxuriantes et instables entre atmosphère / sols / végétaux / animaux / humains. En ce sens, il est toujours l’indice d’un état des relations. Observer attentivement un paysage permet de décrypter les logiques relationnelles passées et présentes, et nous aide à discerner les composants toxiques de son état à venir. L’état des lieux semble alarmant mais nous héritons d’innovations immémoriales qu’il nous faut réinvestir : ainsi du territoire relationnel impliquant abeilles, fleurs et apiculteur, ou des transhumances accordant alpage + berger + moutons + chiens + loups.

Sur ce terreau prometteur, des artistes, des chercheurs et des praticiens des animaux se réunissent à Vizille du jeudi 2 au samedi 4 mai afin de croiser leurs approches et fonder des relations nouvelles entre espèces vivantes, de nouveaux comportements, de nouvelles directions évolutives qui préservent, renouvellent et amplifient la qualité des écosystèmes. Chaque jour, des performances et des expérimentations en plein air permettront de jouer, de tester et d’approfondir nos relations animales. Ces expériences associant des animaux et des installations artistiques seront prolongées au-delà jusqu’au 8 mai.

Ça Rumine ! > Campus universitaire de Gières / Saint Martin d’Hères > Journée de rencontre-débat à Sciences-Po le 16 avril 2019 autour du projet d’une implantation pastorale pérenne sur le campus > avec le soutien de l’IDEX Université-Grenoble-Alpes > en collaboration avec les laboratoires PACTE, LECA, CRESSON, LARHRA, la Maison des Sciences de l’Homme, la Fédération des Alpages de l’Isère 

: Plus d’informations > le programme de Ça remue sur le campus de Grenoble

Il s’agit ici d’un travail exploratoire rassemblant des éleveurs et alpagistes professionnels, des scientifiques et des artistes. Nos premiers invités sont : Bruno Caraguel, directeur de la FAI, ingénieur pastoraliste et sociologue, Laurent Four, sociologue du développement et berger, Guillaume Lebaudy, ethnologue des cultures pastorales et des transhumances, Jean-Marie Davoine, berger spécialiste de domestication des animaux d’élevage, François Pompanon, directeur du laboratoire LECA, spécialiste de la domestication et génomique des ruminants, Jean Estebanez, géographe spécialiste des dispositifs de mise en scène des jardins zoologiques et du travail animal (…) Cette liste sera complétée notamment avec des usagers du campus – enseignants, étudiants, agents et des porteurs d’expériences dans d’autres campus en France ou à l’étranger.

Dispositif de mise en scène des jardins zoologiques et du travail animal (Image Maryvonne Arnaud)

 

Ça Remue ! > Campus universitaire de Gières / Saint Martin d’Hères > Chaque mois, la Maison des sciences de l’Homme accueillera durant une heure un auteur parlant d’un animal et de son lien spécifique au territoire, afin d’amplifier la prise de conscience de l’importance des animaux dans la fabrication des paysages. Des chercheurs, des auteurs, des artistes invités à l’occasion de la saison 3 de paysage>paysages > avec le soutien de l’IDEX Université-Grenoble-Alpes > en collaboration avec les laboratoires PACTE, LECA, CRESSON, LARHRA, la Maison des Sciences de l’Homme, la Fédération des Alpages de l’Isère :

  • Ça Butine !  mardi 5 mars de 12h15 à 13h30 autour des insectes pollinisateurs > avec Emmanuelle Porcher, professeure au MNHN et chercheure au CESCO (Centre d’Écologie et de Sciences de la Conservation, Paris) spécialiste de la biodiversité et de la pollinisation 
  • Ça Grimpe !  mardi 12 mars de 12h15 à 13h30 autour des chamois > avec Anne Loison, directrice de recherche CNRS, qui développe le programme des activités du Laboratoire d’Écologie Alpine (LECA) autour de la question des relations dynamiques plantes-herbivores dans le milieu de montagne 
  • Ça Flaire !  mardi 2 avril de 12h15 à 13h30 autour des relations chiens / loups / humains / territoires > avec Nicolas Lescureux, ethno-écologue, chargé de recherche du CNRS au Centre d’Écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) 
  • Ça questionne : les animaux dans le paysage de la Renaissance ? > avec Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne d’art, à propos de la fonction et la symbolique de la représentation de l’animal dans la peinture animalière. > Musée Hébert, chemin Hébert, 38700 la tronche, le Jeudi 11 avril 2019, 18h 30
  • > Affleurer le paysage; une exposition d’Olivier de Sépibus (en résidence au laboratoire LECA) Arboretum du Domaine universitaire / du 5 avril au 21 juin 2019 + Performance art > science in situ autour de l’exposition le jeudi 20 juin de 17h à 18h30. 

Olivier de Sepibus
Affleurer le paysage
Arboretum du Domaine universitaire de Grenoble
5 avril > 21 juin 2019

 

  • Va, Toto ! > projection du film de Pierre Creton et débat avec l’auteur animé par Robert Bonamy, maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Grenoble Alpes. > Cinéma Mon Ciné, 10 avenue Ambroise Croizat, Saint Martin d’Hères, le Jeudi 2 mai 2019 à 20h30

Image extraite du film Secteur 545 de Pierre Creton

 

Cabanes à oiseaux d’architectes > Maison de l’Architecture de l’Isère > 21 mars >21 juin 2019 / en partenariat avec l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, la Ligue de Protection des Oiseaux, le Rectorat

En association avec la Maison de l’Architecture, nous proposerons aux étudiants de l’ENSAG, mais aussi aux architectes professionnels et à tous les inspirés, de concevoir et de réaliser une cabane à oiseaux. L’ensemble des cabanes sera ensuite exposée à la M.d’A durant les 3 mois de paysage>paysages. Chaque construction devra offrir un refuge confortable aux oiseaux, adapté à son mode de vie, chaque espèce recherchant des spatialités différentes pour des usages singuliers. À travers ce concours, c’est l’attention à la place des animaux dans la cité et à leur préservation qui est ici mobilisée. Simples cabanes poétiques ou extravagantes, maisons en miniatures ou palais des mille et une nuits, les œuvres issues de cet appel à participation s’assembleront en un ensemble accueillant l’infini des diversités animales. 

> Appel à projet de micro-architectures

> Télécharger l’affiche

> Le règlement du concours

> Les lauréats du concours

 

Alban de Chateauvieux > Perdus  > Le VOG, centre d’art de Fontaine > 7 mars au 4 mai 2019

Le 12 janvier 2007, Alban de Chateauvieux s’arrête en pleine rue devant une petite affichette portant ces quelques mots tracées à la craie bleue « PERDU PIGEON BLANC », suivies d’un numéro de téléphone auquel il manque un chiffre. Ce petit papier suspendu à son unique morceau de scotch, fut une révélation pour Alban qui, depuis, collecte au fil de ses voyages des affichettes d’animaux perdus. Cette exposition honore des animaux disparus dont la vie singulière a compté et dont l’absence en révèle l’importance affective. Ils sont tous clairement individualisés et porteurs de qualités singulières, l’un beau, affectueux ou tendre, l’autre complice, fiable, drôle ou fidèle. Chaque message de détresse témoigne de cette complicité établie et du lien relationnel intense construit jour après jour entre un être humain et un être animal, d’une forme d’harmonie rompue. Car le compagnonnage familier avec les animaux traduit une nécessité relationnelle qui déborde le cadre des échanges sociaux pour exprimer d’autres émotions, d’autres échelles de nous-même, difficilement exprimables entre humains. Les parts animales de soi-même, peut-être, ou encore des fragments profondément enfouis et inaccessibles sans l’aide de ces animaux complices qui intercèdent avec d’autres mondes ou les traduisent, en glissant sans crainte du vertige sur le rebord d’une fenêtre pour se fondre dans la nuit ou en humant attentivement un souffle d’air chargé d’énigmes.

> Alban de Chateauvieux
> Collection des animaux perdus
> 7 mars au 4 mai 2019
> Le VOG, centre d’art de Fontaine

 

François Génot > Charcoal > Jules Vallès, Galerie d’art de Saint Martin d’Hères > avril à mai 2019

François Génot est attentif à une certaine sauvagerie qui demeure ou réapparaît dans les lieux en friche, les espaces négligés de notre environnement urbain. L’émergence spontanée et irréductible du vivant, le désordre des formes et la dynamique végétale et animal sont au cœur de son travail. Il cueille, lors de ses repérages sur les sites proches du lieu d’exposition, des brassées de branches qu’il transforme en charbon de bois puis dessine avec les fusains obtenus directement sur mur. Le mouvement de sa main génère des formes d’apparences aussi décousues, négligées, insouciantes que celui des jeunes pousses au printemps, c’est-à-dire des formes floues, ouvertes, déconcertantes qui se projettent et explorent toutes les possibilités offertes pour survivre. Et notre œil de spectateur est invité à entrer dans l’épaisseur et la complexité du dessin pour fouiller l’énigmatique présence du vivant.

> François Génot
> Charcoal
> avril à mai 2019
> Jules Vallès, Galerie d’art de Saint Martin d’Hères

 

L’édition : paysage en mouvements

Les paysages fixes n’existent pas. Le sédentaire et le définitif ne sont que des illusions d’optique, des déficits de perception ou d’interprétation. Tout dans le paysage remue, tangue, chaloupe, bouscule, migre et se déplace…. Cet enchevêtrement infini de dynamiques est éprouvé durant 128 pages par de nombreux artistes et auteurs de multiples disciplines qui vous invitent à aborder le paysage comme une ressource précieuse pour apprendre à vivre avec ampleur.

Ont contribués à ce numéro : Anne-Laure Amilhat-Szari, Maryvonne Arnaud, Cécile Beau, Daniel Bougnoux, Philippe Bourdeau, Laure Brayet, Anne Cayol-Gerin, Philippe Choler, Laurence Després, Caroline Duchatelet, Gisèle Durand, Sandrine Expilly, Alain Faure, Eve Feugier, Christoph Fink, Éléonor Gilbert, Lucie Goujard, Julien Grasset, Catherine Hänni, Nicolas Hubert, Nicolas Lanier, Francis Limérat, Jacques Lin, Jeanine Elisa Médélice, Sarah Mekdjian, Chloé Moglia, Guillaume Monsaingeon, Philippe Mouillon, Stéphanie Nelson, Fabrice Pappalardo, Aymeric Perroy, Dominique Pety, Hélène Piguet, David Poullard, Isabelle Raquin, Claire Revol, Olivier de Sépibus, Anne Sgard,  Jeff Thiébaut, Henry Torgue, Martin Vanier.

Textes originaux de : Maryvonne Arnaud, Daniel Bougnoux, Laure Brayet, Anne Cayol-Gerin, Lucie Goujard, Nicolas Lanier, Jeanine Elisa Médélice, Guillaume Monsaingeon, Philippe Mouillon, Aymeric Perroy, Dominique Pety, Isabelle Raquin, Claire Revol, Olivier de Sépibus, Jeff Thiébaut, Martin Vanier; Images originales de : Maryvonne Arnaud, Éric Bourret, Caroline Duchatelet, Sandrine Expilly, Éléonor Gilbert, Stéphanie Nelson, Mathias Poisson, Isabelle Raquin, Olivier de Sépibus.

Plus d’informations sur : https://local-contemporain.net/opus-10/

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Ça remue

ÇA REMUE

LE PROGRAMME DES 3 JOURS

Musée de Grenoble

Vendredi 2, samedi 3, dimanche 4 mars

hall, grande galerie, patio, salle des séminaires, auditorium

Les paysages fixes, stables, arrêtés n’existent pas. Le sédentaire et le définitif ne sont que des illusions d’optique ou de perception. Tout dans le paysage remue, tangue, chaloupe, bouscule, migre et se déplace…

À contrario de l’itinéraire trop bien tracé de la route principale nous projetant au plus vite vers une destination déterminée, Ça remue vous propose de cheminer disponible au hasard et à l’inattendu, attentif à toutes les rencontres, de déguster le temps qui passe, le temps qui change, d’oublier les certitudes ou les inquiétudes pour laisser la part belle à l’échappée.

  • Le paysage fait son cinéma

Vendredi 2, samedi 3, dimanche 4 mars

Un montage d’Agnès Bruckert (boucle de 36 mn en projection continue).

Auditorium du musée (entrée gratuite)

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Lieux-dits, un précipité de vies

> Vendredi 2, samedi 3, dimanche 4 mars

Une proposition de Philippe Mouillon avec le concours scientifique de Jeanine Elisa Médélice.

Grande galerie (entrée gratuite samedi et dimanche)

SÉMINAIRE paysage en mouvements

> Vendredi 2 mars de 9h30>13h / 14h30>18h

Salle de séminaire (entrée gratuite sur inscription à contact@lelaboratoire.net)

9H30

Accueil par Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble. Introduction par Philippe Mouillon.

10h>13H – 14H30>18H

Une journée de réflexion sur les paysages en mouvements avec Cécile Beau (artiste), Daniel Bougnoux (philosophe), Philippe Bourdeau (géographe), Philippe Choler (écologue), Emanuele Coccia (philosophe), Laurence Desprès (biologiste), Caroline Duchatelet (artiste), Alain Faure (politiste), Catherine Hänni (archéobiologiste), Lucie Goujard (historienne d’art), Lionel Manga (écrivain), Martin de la Soudière (ethnologue), François Parcy (biologiste), Dominique Pety (historienne de la littérature), Claire Revol (philosophe), Olivier de Sépibus (artiste), Henry Torgue (compositeur), Martin Vanier (géographe), Marc Vuillermoz (historien de la littérature)…

18H30

Conclusion en présence de Patrick Levy, Président de l’Université Grenoble Alpes.

CONVERSATIONS entre artistes de paysage>paysages et chercheurs universités / CNRS

> Samedi 3 mars

Patio (entrée gratuite)

10H Caroline Duchatelet (artiste) >/< Daniel Bougnoux (philosophe).

Cueillir la lumière

11H Agnès Bruckert (monteuse) >//< Laure Brayer (architecte).

Filmer le paysage en arrière-fond

12H Rachid Ouramdame (chorégraphe) >/< Anne-Laure Amilhat (géographe).

Franchir les frontières

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13H Céline Perroud (danseuse) >/< Claire Revol (philosophe).

Gestes entre ciel et terre

14H Olivier de Séphibus (photographe) >/< Yann Borgnet (guide)

>/< Lucie Goujard (historienne d’art).

La disparition du paysage de haute montagne

15H Cécile Beau (artiste) >/< Cartherine Hänni (archéobiologiste).

Stabilité et turbulences, la nature en évolution

16H Chloé Moglia (artiste) >/< Emmanuele Coccia (philosophe).

Se mélanger au monde par le souffle

17H Éléonor Gilbert (réalisatrice) >/< Anne Sgard (géographe)

>/< Sarah Mekdjian (géographe).

Expérimenter son quotidien

© Olivier de Séphibus

PERFORMANCES

> Samedi 3 mars

11H

Skull*cult de Christian Rizzo et Rachid Ouramdane

Rachid Ouramdane, co-directeur du CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, reprend et interprète ce solo créé au Vif du sujet à Avignon en 2002. Le corps gainé de cuir, il développe un travail d’articulations et de suspensions intégralement réalisé de dos.

Salle XVIIIe siècle (entrée gratuite / durée 25mn)

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12H

Horizon Chloé Moglia

À 6 mètres de hauteur, Chloé Moglia, l’artiste aérienne associée au CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, explore la décomposition du mouvement au bout d’une longue perche recourbée.

Parvis du musée (entrée gratuite / durée 25mn)

14H

Skull*cult de Christian Rizzo et Rachid Ouramdane

Rachid Ouramdane, co-directeur du CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, reprend et interprète ce solo créé au Vif du sujet à Avignon en 2002. Le corps gainé de cuir, il développe un travail d’articulations et de suspensions intégralement réalisé de dos.

Salle XVIIIe siècle (entrée gratuite / durée 25mn)

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15H

Horizon Chloé Moglia

À 6 mètres de hauteur, Chloé Moglia, l’artiste aérienne associée au CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, explore la décomposition du mouvement au bout d’une longue perche recourbée.

Parvis du musée (entrée gratuite / durée 25mn)

16H

Espace Éléonor Gilbert

Un film de 14 minutes où, à l’aide d’un croquis, une petite fille explique les subtilités géopolitiques de l’espace public à l’échelle d’une cour de récréation.

Salle de séminaire (entrée gratuite / durée 14mn)

PERFORMANCES

> Dimanche 4 mars

11H30

Transhumance Nicolas Hubert et Giulia Arduca Compagnie Épiderme

Une déambulation performative et contemplative dans de grands espaces imaginaires, à travers un mouvement hybridant les formes jusqu’à la confusion des membres et des genres (humain/animal, masculin/féminin).

Départ Grande galerie, niveau vestiaire

(entrée gratuite / Déambulation de 20 mn)

12H

Horizon Chloé Moglia

À 6 mètres de hauteur, Chloé Moglia, l’artiste aérienne associée au CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, explore la décomposition du mouvement au bout d’une longue perche recourbée.

Parvis du musée (entrée gratuite / durée 25mn)

14H

Le geste de la Terre Céline Perroud Compagnie Rotations Culturelles

Danseuse et chorégraphe atypique, Céline Perroud présente une variation du master class «Sismo Danse » réalisée avec le sismologue Jean Robert Grasso et le plasticien Sébastien Perroud.

Patio (entrée gratuite / durée 20 mn)

14H30

Transhumance Nicolas Hubert et Giulia Arduca Compagnie Épiderme.

Une déambulation performative et contemplative dans de grands espaces imaginaires, à travers un mouvement hybridant les formes jusqu’à la confusion des membres et des genres (humain/animal, masculin/féminin).

Départ Grande galerie, niveau vestiaire

(entrée gratuite / Déambulation de 20 mn)

15H

Tentatives d’étirement du français figé David Poullard >/< Guillaume Rannou

Une conférence fiction par deux artistes de la langue qui élaborent ensemble des dispositifs destinés à tordre l’ordinaire et le banal de notre langue usuelle, afin d’en extraire des sens potentiels inattendus.

Grande galerie (entrée gratuite / durée 20 mn)

15H30

Horizon Chloé Moglia

À 6 mètres de hauteur, Chloé Moglia, l’artiste aérienne associée au CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, explore la décomposition du mouvement au bout d’une longue perche recourbée.

Parvis du musée (entrée gratuite / durée 25mn)

16H

Le geste de la terre Céline Perroud Compagnie Rotations Culturelles

Danseuse et chorégraphe atypique, Céline Perroud présente une variation du master class «Sismo Danse » réalisée avec le sismologue Jean Robert Grasso et le plasticien Sébastien Perroud.

Patio (entrée gratuite / durée 20 mn)

16H30

Tentatives d’étirement du français figé David Poullard >/< Guillaume Rannou

Une conférence fiction par deux artistes de la langue qui élaborent ensemble des dispositifs destinés à tordre l’ordinaire et le banal de notre langue usuelle, afin d’en extraire des sens potentiels inattendus.

Grande galerie (entrée gratuite / durée 20 mn)

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Une initiative de LABORATOIRE en partenariat avec le musée de Grenoble, image le CCN2 et les éditions local-contemporain

 

paysage en mouvements

Les paysages fixes, stables, arrêtés n’existent pas. Le sédentaire et le définitif ne sont que des illusions d’optique ou de perception. Tout dans le paysage remue, tangue, chaloupe, bouscule, migre et se déplace…. Les paysages sont parcourus de vastes mouvements imperceptibles – la dérive des étoiles, la fonte des glaciers ou la migration silencieuse des plantes et des forêts testant sans cesse les sols, les vents dominants et les expositions. Les paysages sont aussi témoins des migrations et transhumances qui caractérisent l’ensemble du règne animal, de l’hirondelle à l’anguille, une formidable pulsion qui déplace le vivant à la surface du globe sans boussoles ou système de géolocalisation embarqué. Chacun de ces étonnants voyageurs emporte au long cours des fientes gorgées de graines, des bactéries exogènes et des mélopées renouvelées qui refondent les écosystèmes et nos imaginaires. Les dynamiques du paysage sont encore constituées d’accélérations inattendues : avalanche, tonnerre ou tempête. Le paysage reprend alors toute sa place, une sauvagerie abrupte qui nous déborde et s’impose au-delà du temps de l’espèce humaine.

Mais les paysages sont surtout reconfigurés par les activités et les circulations humaines. Notre expérience quotidienne du paysage ne consiste que rarement à le contempler assis sur un banc, mais plus fréquemment à le traverser distraitement assis à 130 km/h. Aussi, à contrario de l’itinéraire trop bien tracé de la route principale nous projetant au plus vite vers une destination déterminée, cette saison 02 de paysage>paysage vous propose de cheminer disponible au hasard et à l’inattendu, attentif à toutes les rencontres, de déguster le temps qui passe, le temps qui change, d’oublier les certitudes ou les inquiétudes pour laisser la part belle à l’échappée.

La programmation de la saison 02 est conçue avec cette attention soutenue à l’enchevêtrement des mouvements qui trament les paysages et tendent le cours du monde, que chemineront les auteurs ou les artistes invités à l’occasion de cette nouvelle saison de paysage>paysages.

En voici les premiers temps forts :

Le paysage fait son cinéma,

  • Un film de films conçu par Agnès Bruckert accompagné d’un concert instantané de paysages avec Actuel Remix (Xavier Garcia et Guy Villerd)

En circulant grâce au doigté d’Agnès Bruckert parmi les cinéastes les plus virtuoses du cinéma mondial, nous découvrons combien chaque film enchevêtre intimement en un espace commun les personnages au premier plan et le fond où semble s’ancrer le récit. De plan large en faux raccords, les paysages façonnent nos perceptions, préparent et anticipent l’action, la débordent parfois pour envahir l’écran, rompre avec le fil de la narration, avaler les personnages et nous désorienter.

Bas quartiers sordides ou somptueux panoramiques, de nombreux paysages ont laissé en nous une empreinte qui structure profondément notre sensibilité et notre identité. C’est cette identification paradoxale à une fiction totalement mouvante qu’amplifie le duo de l’ARFI « Actuel Remix » en accompagnant le flux d’images, le ponctuant de paysages sonores instantanés.

Esplanade de la caserne de Bonne à Grenoble, le 21 décembre de 17 h à 21h

 

Atlas des déplacements,

  • Une exposition conçue par Guillaume Monsaingeon avec les œuvres de Cécile Beau, Christo, Nicolas Consuegra, Fernand Deligny, Caroline Duchatelet, Cédrick Eymenier, Ymane Fakhir, Christoph Fink, Eléonor Gilbert, Chris Kenny, Lucien Le Saint, Francis Limérat, Hans Op de Beeck, Quadrature (Juliane Götz + Sébastian Neitsch), Claire Renier.

(Quadrature)

Mouvements lents, presque immobiles, mouvements rapides, parfois imperceptibles voire invisibles. Action et contemplation. Mouvements saccadés, mouvements réguliers ou habituels. Déplacements des êtres animés, mécaniques des machines devenues essentielles à la maîtrise de nos propres mouvements et à la connaissance des territoires. Les œuvres réunies dans l’Atlas des mouvements enregistrent le paysage avec des échelles situées entre 0 et 30 000 km/h.

 
(Caroline Duchatelet)


(Nicolás Consuegra)

Musée Hébert du 21 décembre au 21 mars 2018

 

Graphies de déplacement

  • Une exposition de Mathias Poisson

Les cartes subjectives de Mathias Poisson sont des réductions du paysage par décoction. Il note ses promenades à vif sur ses carnets, attentif au moindre événement mais en cultivant une absence délibérée de hiérarchies entre les informations qu’il consigne. Puis il distille et infuse les objets et les plantes rencontrées afin d’en extraire les encres de ses dessins. Il compose alors une carte sensible, sorte de condensé du lieu qui invite à lui emboîter le pas. Il présente ici une suite de traversées du paysage à travers des villes aussi différentes que Marseille, Tokyo, Naples, Alger ou Istanbul, puis lors d’une seconde exposition il nous fera découvrir les travaux originaux réalisés durant 5 séjours en Isère.  

Le VOG -centre d’art de Fontaine, du 7 décembre au 31 mars 2018.

 

Montagne défaite

  • Une exposition de Olivier de Sepibus

Olivier de Sépibus arpente les Alpes pour saisir les mouvements intérieurs des glaciers et des roches, les failles, les brèches, les fractures, les lentes dislocations, les ruptures vives et les éboulements. La masse d’apparence éternelle apparaît ici étrangement fragile et tourmentée, et sa présence solide semble appartenir à une étape provisoire de l’histoire terrestre.Ses photographies actualisent notre imaginaire de la haute montagne en fixant frontalement l’état actuel de massifs alpins qui se défont lentement en désert de pierre, entraînant avec eux les rêves de conquête et d’héroïsme d’un homme « maître et possesseur de la nature« . Car, si nos représentations sont défaillantes, elles peuplent toujours les présentoirs à cartes postales.

Jardin du Musée de l’Ancien Évêché de Grenoble, du 21 décembre au 21 mars 2018

 

Lieux-dits, un précipité de vies

  • Une exposition conçue par Philippe Mouillon avec la collaboration de Jeanine Medelice

Les quelques centaines de mots déposés au sol de l’allée centrale du musée de Grenoble sont un condensé des milliers de noms de lieux-dits qui titrent – ou plutôt sous-titrent, avec soin le paysage.Ces fragments sont tenaces – certains mots plongent leurs racines dans un temps antérieur à l’occupation romaine, et ont été si souvent mastiqués et prononcés par des bouches nouvelles que leurs sens aujourd’hui affleurent mais ne cessent de se troubler et de nous échapper : Vipéreuse, Miséroud, Mal-Pourchie, Les Écondues, Les Écorrées, Les Embouffus… car le mot est là, sans y être. Il appartient à une langue, fantôme de la nôtre.

Musée de Grenoble, du 8 février au 11 mars 2018

 

 

Atlas des mondes de chacun

Un monde de mondes

Au milieu du XVIII siècle, à la demande de Louis XV, Cassini de Thury va établir le premier relevé topographique de la France. Durant 3 ans, entre 1758 et 1761, il va installer son observatoire sur la commune de Saint-André-la-Côte au Signal, à 934m d’altitude et 20 kilomètres de Lyon, pour établir par triangulation la première carte de Lyon.

En quatre générations, les Cassini réaliseront la première carte topographique et géométrique de l’ensemble du royaume de France, établie à l’échelle 1/86 400.

Ces travaux sont si fiables que, de nos jours encore, de nombreux chercheurs – archéologues, historiens, géographes, botanistes, paysagistes… consultent la carte des Cassini lorsqu’ils ont besoin de faire une analyse rétrospective du paysage.

C’est depuis ce signal qu’ont été lâchés, le dimanche 25 juin 2017 aux alentours de 11H du matin, des pigeons voyageurs emportant avec eux des messages collectés auprès des habitants des Monts du lyonnais. Chacun, enfant et adulte, natif d’ici ou héritier d’autres territoires, était invité à exprimer sur un message, fragment cartographique bagué à la patte de chaque pigeon, un point géographique qui lui tient particulièrement à cœur. Cet attachement affectif à un lieu particulier – un sentiment de vivre une harmonie, une complicité, une intimité, une intensité de vie peut prendre sa source dans une variété infinie de motifs – le lieu de sa naissance ou de son enfance, la mémoire d’une rencontre amoureuse, un rêve de vacances paradisiaques, la douleur d’un exode… et concerner un territoire du voisinage proche ou situé à l’autre bout de la planète. Les réponses obtenues nous disséminent dans le monde entier. Elles traduisent sans doute combien nous ne sommes pas les habitants d’un seul espace, mais que nos vies sont affectées par une multitude d’attachements, d’affinités et de repères, plus ou moins durables, et qui cohabitent en nous enchâssés les uns dans les autres sans hiérarchie. Le voisinage symbolique mondial est une caractéristique majeure des territoires contemporains, qui structure tout autant les territoires ruraux que les métropoles d’échelle mondiale comme Sao-Paulo. Chacun de nous est habité de flux, de désirs et de rêves multi-localisés, comme Arthur Rimbaud était habité de vents.

Les pigeons voyageurs proviennent de l’élevage de Dominique Cœur, situé au hameau de l’Aubépin sur la commune de Larajasse. Ces oiseaux participent habituellement à des compétitions internationales dans le monde entier où ils volent jusqu’à 120 km/h durant 750 à 1000 kilomètres. Ils perpétuent ainsi une tradition lointaine puisque depuis plus de 3000 ans, les pigeons voyageurs transmettent des messages sur de très longues distances en emportant, depuis le navire d’un explorateur ou le cœur d’une ville assiégée, un fragment de papier bagué à la patte. Ces messages très courts, parfois codés, sont un peu les ancêtres des tweets qui circulent aujourd’hui d’un téléphone à l’autre. Une filiation poétique puisque l’anglais tweets signifie gazouillis. Ces remarquables voyageurs sont surtout la figure visible de la puissance du mouvement, des migrations et transhumances qui caractérisent l’ensemble du règne animal, de la sterne arctique à l’anguille, l’hirondelle commune, la baleine à bosse, ou le papillon monarque – formidables pulsions qui déplace le vivant à la surface du globe d’Islande à la Tasmanie, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande, sans boussoles ou système de géolocalisation embarqué.

Le lâché de pigeons voyageurs du 25 juin offrait aux oiseaux de s’envoler du Signal de Cassini à la même seconde, chacun porteur d’une géographie affective baguée à sa patte. L’ordre d’arrivée des pigeons détermine un ordre cartographique excentré qui sera édité prochainement comme l’ Atlas des mondes de chacun.

Atlas des mondes de chacun est une proposition de Philippe Mouillon,
produite par LABORATOIRE avec les soutiens de la DRAC Auvergne Rhône Alpes, du Département du Rhône, de la Région Auvergne Rhône Alpes, de la Communauté de communes des Monts du Lyonnais.

> pour plus d’information : contact@lelaboratoire.net

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